jeudi 28 mai 2020

Demain est mystère

«Demain est mystère, pour tout le monde, et ce mystère doit provoquer le rire et l’envie, pas la peur ou le refus», propose Marc Lévy, dans son livre “et si c’était vrai “.

Ce futur émergeant, qu’il nous inquiète ou nous rassure, que nous soyons impatients ou en retenue, est un faisceau de lumières et d’ombres. L’observation curieuse a le pouvoir de nous ouvrir les portes, une à une, de ces mystères de vie que nous portons en chacun de nous. 

Notre environnement, les faits observés, les actes engagés, nos métiers, nos missions et surtout nos relations, si nous en prenons conscience, nous invitent à une compréhension profonde.

Je le vois comme un cheminement où se révèlent talents, capacités et ressources oubliées. Les nôtres et celles des autres, qui se cristallisent au hasard d’un détour, d’une question, d’un unique mot quelquefois.

C’est cette part de mystère irréductible qui nous grandit et qui élargit nos champs de possibles.

Dans son livre, “Responsables porteurs de sens “ Vincent Lenhardt[1] nous le décrit admirablement :

“Ce mystère c’est celui de l’homme et de son développement “.

Et il ajoute cette citation, de François Varillon[2]

“Un mystère n’est pas quelque chose que l’on ne comprend pas, mais quelque chose que l’on n’a jamais fini de comprendre “.

C’est une quête. S’y engager c’est devenir explorateur de l’infini, en nous et en l’autre, pour nous et pour l’autre.

- Avons-nous suffisamment conscience de nos mystères ?

Avec eux pourtant, nous affinons notre compréhension d’évènements, clarifions certains comportements, identifions nos propres postures et celles des autres. Nous repérons celles qui nous semblent adéquates ou inadéquates, sans juger, généraliser et conclure à une vérité absolue.

Chaque jour, nous sommes comme au sein d'une forêt tropicale, usant de la machette et du coupe-coupe pour progresser au sein de nos pensées et réflexions. Nos rencontres, nos échanges et nos actions enluminent nos journées comme des pépites, et, finalement, nous offrent l’opportunité de revisiter un passé à coup sûr enrichissant.

Nos prises de position et nos choix nous rapprochent de ces mystères ou nous en éloignent.

Être un explorateur curieux (voir articles précédents), c’est être en capacité de les distinguer et les éclairer pour anticiper et contribuer au futur émergent. Lorsque nous prenons ce chemin-là, nous nous ouvrons en toute certitude à des perspectives inexplorées.

J'ai assisté à une conférence il y quelques temps ou l'orateur citait un entrepreneur : "Ne pas s'octroyer au moins vingt minutes par jour pour soi-même est une faute professionnelle" 

- Consacrons-nous suffisamment de temps à nos explorations curieuses ?

- Croyons-nous en nos mystères ?     

Et demain ?  J’en ai envie autant que je le crains.


[1] Vincent Lenhardt - Coach et formateur de coach depuis plus de 30 ans.

[2] François Varillon. Théologien lyonnais. 1905-1978.


lundi 25 mai 2020

Le pas qui compte.

Le marin a sa route surface, celle qui est visible et qui l’agite. Mais il y en a une autre, elle allonge ou ralentit, selon les courants rencontrés: c'est la route fond; c'est elle et elle seule, qui indique sa réelle progression.

Nous avons aussi nos courants qui nous animent ; quelquefois chaotiques à nous faire gîter, et à  mener nos pas sur des chemins buissonniers.

Mais le seul pas qui compte finalement, est celui qui, comme le marin, nous rapproche de notre but. Notre vigilance et notre observation des éléments qui inter-agissent nous évitent d'allonger la route ou pire, de finir sur un récif. Mais est-ce suffisant ?      

Dans les articles précédents, j'évoquais notamment le temps de l'observation curieuse.

 “Sans la curiosité de l’esprit, que serions-nous? nous questionne Marie Curie.

Selon elle, la beauté de la science est dans ce désir de curiosité qui incite à repousser sans cesse les frontières du savoir.

 

L’abondance de la vie ne se cache-t-elle pas aussi dans ce désir ?

 

Charité bien ordonnée commence par soi, soyons d’abord curieux de soi. 

C’est un bon début qui nous met à l’abri des inclinations pathologiques que sont l’intrusion et l’indiscrétion. C’est aussi la condition pour regarder l’autre au-delà de nos projections et de nos filtres. Un contrôle exacerbé est peut-être le signe d’une quête chez l’autre de ce que nous n’avons pas cherché ou pas encore trouvé en soi. 

Les injonctions de nos enseignants ou parents, qui nous invitaient à un peu moins de curiosité en nous rappelant qu’elle est un vilain défaut, ne sont rien de moins qu’un moyen pour interrompre l’enfant dans ses prospections intempestives, gênantes parfois. Au fil du temps, nous avons peut-être perdu cette envie d’explorer, d’aller regarder derrière la porte interdite, d’aller au-delà. Entre désobéir et nous conformer, parfois et malgré nous, nous avons choisi.

Laissons-nous surprendre par cette curiosité introspective qui a le pouvoir de dépoussiérer des vérités absolues fondées sur des croyances qui nous animent et nous leurrent.

Vue sous cet angle, la curiosité devient une qualité qui nous incite à nous dépasser et cristalliser de nouveaux possibles. Elle nous évite par ailleurs, des préjugés qui nuisent gravement à nos relations et à l’image que nous pouvons avoir de nous-mêmes et des autres.

- Sommes-nous suffisamment curieux ?

- En quoi cette curiosité pourrait améliorer nos relations ?   

 “Les enfants posent des questions que souvent les adultes ne se posent pas. Ou ne se posent plus“. Jacques Higelin[1]

Une fois, une fois seulement, redevenons ces enfants à la curiosité insatiable et passionnante et entamons ces voyages auxquels elle nous invite. 

- Combien de temps octroyons-nous à cette curiosité ?

- Sommes-nous en capacité de se retirer du brouhaha ambiant pour observer ? 

   



[1] Jacques Higelin – Auteur, compositeur, interprète français. 1940-2018.



lundi 18 mai 2020

Observons...

Le dernier article nous invitait à profiter de ces moments d’observations…

Lorsque nous prenons ce temps pour lire au-delà de ce qui est visible, pour reconnaître et accepter les paramètres qui nous échappent ; nous nous préparons à jouer avec la complexité dans laquelle nous œuvrons.

Le paysan lit et interprète sa terre, le ciel, ses plantes… dans toutes leurs dimensions ; le marin, lui, observera la mer, l’île au loin, le ciel et beaucoup d’autres signes qu’il connaît.

Ces observations sont en partie invisibles ou illisibles pour le premier venu, qui n’a ni le savoir ni la compréhension de ces systèmes environnementaux, qui interfèrent dans une logique implacable.

Le paysan comme le marin, au-delà de ses savoirs, a nécessairement confiance en son intuition et ses capacités d’observations, affinées naturellement au fil du temps.

Ainsi, il a pu développer sa faculté à prendre des décisions en toute complexité et donc aussi en incertitude assumée.

Tout comme les champs du paysan ou la mer du marin, nos organisations sont un imbroglio de systèmes, qui à la fois s’opposent et s’additionnent, divergent et convergent.

- Où sont nos signes et indicateurs, construits en toute intuition ? 

- Les avons-nous partagés avec notre environnement ? 

Au-delà des chiffres et des prévisions qui en sont leurs émanations visibles et quelles que soient leur qualité et leur précision ; il reste une part d’intangible que nous ne pouvons plus ignorer.

Cette part-là influe remarquablement sur les résultats. Lorsque nous évoquons des marges de manœuvre de plus en plus serrées, cette partie intangible et ignorée apparaît au rayon des impondérables; alors qu’elle ne demande qu’à apparaître en ressources, voire en bénéfice réel au compte d’exploitation.

Il est raisonnable d'avoir conscience que nous ne pouvons tout anticiper. Comme le météorologue ne peut annoncer l’orage qui éclatera l’année prochaine; cependant, il nous indique les conditions susceptibles de le produire.

Il en est de même pour les entrepreneurs en vie. Connaître n’est pas contrôler, seulement augmenter notre capacité d’anticipation. Développons nos réflexes pour s’adapter à chaque situation et apprendre de tous les phénomènes en jeu. 

- Qu'avons-nous appris, réellement de nos observations ? 

- M'aident-elles à mieux anticiper ? 




lundi 11 mai 2020

Et maintenant...

11 mai 2020, 1er jour d’après en France. Plus de cinquante jours en confinement ! Et maintenant ?
En cette période chargée d’incertitudes, de doutes, de réponses imprécises, nous sommes confrontés à nos craintes. Notamment celle de perdre le contrôle, exercice pour lequel nous excellons habituellement ! Ce contexte incertain est à coup sûr une source exceptionnelle à la fois d’humilité et de créativité, de liberté et d’ouvertures insoupçonnées.
Mihaly Csikszentmihaly[1] nous propose d’influencer l’avenir en notre faveur : «C’est seulement lorsque le résultat est incertain qu’il est possible de l’influencer».
L’influence prend toujours son temps…
L’heure est à la prise de conscience, les solutions viendront à leur rythme… Nous entrons dans la double temporalité du Kairos et du Pro : le premier désigne l’opportunité, l’occasion propice, le moment favorable… Et le second : le Pro des Progredientes, ces philosophes grecs qui proposaient d’avancer pas à pas vers la sagesse.
Tout vient en son heure à qui sait attendre, et c’est peut-être le premier talent que nous avons à actionner, celui de l’observateur. Il sait prendre le temps de voir les choses que les autres ne voient pas, les signaux les plus faibles qui sont autant d’informations qui facilitent la compréhension de ce qui se passe, que ce soit en nous ou à l’extérieur de nous.
Il est en écoute profonde sur ses ressentis, sensations et émotions. Cette posture lui ouvre des perspectives qui sont pour le moins éclairantes, à coup sûr enrichissantes.
Cherchons à saisir ce qui se déploie, à accrocher les fils entre eux et affiner notre envie relationnelle pour faire jaillir cette pépite qui sommeille en l’autre, en nous.
L’observation est ce temps que nous nous accordons pour nous ouvrir à Soi et à l’autre, c’est affirmer son respect de l’environnement, ces liens visibles et invisibles qui unissent chacun des Hommes et qui nous relient.
Manquer d’observation, c’est manquer d’informations à coup sûr et c’est prendre le risque de s’engager dans une voie en méconnaissance et finalement subir.
Ceci ne veut pas dire que lorsque nous prenons le temps d’observer nous ne nous engageons qu’en toute connaissance. Non ! Nous avons seulement conscience de ce que nous ne pouvons pas appréhender à cet instant-là, et c’est néanmoins suffisant pour faire le pas de plus.
C’est peut-être paradoxal, mais c’est parce que nous acceptons l’existence de cette part d’irrationnel et d’incompréhensible que nous nous autorisons à prendre ce temps pour observer.
C’est aussi parce que nous acceptons d’observer sans jugement et sans aucun a priori que nous libérons nos ancres qui nous empêchent de prendre de la hauteur.
Offrons-nous ces moments d’observations curieuses et avançons d’un pas sûr : le nôtre.
[1] Psychologue hongrois contemporain. Né en 1934