lundi 25 mai 2020

Le pas qui compte.

Le marin a sa route surface, celle qui est visible et qui l’agite. Mais il y en a une autre, elle allonge ou ralentit, selon les courants rencontrés: c'est la route fond; c'est elle et elle seule, qui indique sa réelle progression.

Nous avons aussi nos courants qui nous animent ; quelquefois chaotiques à nous faire gîter, et à  mener nos pas sur des chemins buissonniers.

Mais le seul pas qui compte finalement, est celui qui, comme le marin, nous rapproche de notre but. Notre vigilance et notre observation des éléments qui inter-agissent nous évitent d'allonger la route ou pire, de finir sur un récif. Mais est-ce suffisant ?      

Dans les articles précédents, j'évoquais notamment le temps de l'observation curieuse.

 “Sans la curiosité de l’esprit, que serions-nous? nous questionne Marie Curie.

Selon elle, la beauté de la science est dans ce désir de curiosité qui incite à repousser sans cesse les frontières du savoir.

 

L’abondance de la vie ne se cache-t-elle pas aussi dans ce désir ?

 

Charité bien ordonnée commence par soi, soyons d’abord curieux de soi. 

C’est un bon début qui nous met à l’abri des inclinations pathologiques que sont l’intrusion et l’indiscrétion. C’est aussi la condition pour regarder l’autre au-delà de nos projections et de nos filtres. Un contrôle exacerbé est peut-être le signe d’une quête chez l’autre de ce que nous n’avons pas cherché ou pas encore trouvé en soi. 

Les injonctions de nos enseignants ou parents, qui nous invitaient à un peu moins de curiosité en nous rappelant qu’elle est un vilain défaut, ne sont rien de moins qu’un moyen pour interrompre l’enfant dans ses prospections intempestives, gênantes parfois. Au fil du temps, nous avons peut-être perdu cette envie d’explorer, d’aller regarder derrière la porte interdite, d’aller au-delà. Entre désobéir et nous conformer, parfois et malgré nous, nous avons choisi.

Laissons-nous surprendre par cette curiosité introspective qui a le pouvoir de dépoussiérer des vérités absolues fondées sur des croyances qui nous animent et nous leurrent.

Vue sous cet angle, la curiosité devient une qualité qui nous incite à nous dépasser et cristalliser de nouveaux possibles. Elle nous évite par ailleurs, des préjugés qui nuisent gravement à nos relations et à l’image que nous pouvons avoir de nous-mêmes et des autres.

- Sommes-nous suffisamment curieux ?

- En quoi cette curiosité pourrait améliorer nos relations ?   

 “Les enfants posent des questions que souvent les adultes ne se posent pas. Ou ne se posent plus“. Jacques Higelin[1]

Une fois, une fois seulement, redevenons ces enfants à la curiosité insatiable et passionnante et entamons ces voyages auxquels elle nous invite. 

- Combien de temps octroyons-nous à cette curiosité ?

- Sommes-nous en capacité de se retirer du brouhaha ambiant pour observer ? 

   



[1] Jacques Higelin – Auteur, compositeur, interprète français. 1940-2018.