mercredi 29 juillet 2020

Des liens qui nous relient.

Ces liens, pour nous mammifères grégaires, sont d’une indispensable nécessité pour survivre. Rien de nouveau ?  

Nous ne sommes pas sans remarquer que nous parlons de plus en plus de l’intelligence artificielle. Il est entendu, sans être des experts, qu’elle s’inscrit définitivement dans notre univers. Elle représente, semble-t-il, un potentiel inestimable. Cette intelligence-là produit de nouveaux liens, c’est incontestable. Ne parlons pas de la qualité de ceux-ci, ce n’est pas le sujet ;  nous ne sommes après tout que des utilisateurs conditionnés.

Les liens dont il est question ici sont le produit de l’intelligence relationnelle, comme écrit précédemment, ce sont ceux qui nous réunissent et qui nous lient les uns aux autres.

 

Ce siècle, qui a fixé son rendez-vous en cette année 2020, “sera relationnel ou ne sera pas“ pour paraphraser André Malraux[1]. Ce sont ces liens justement qui se tissent au fil des jours, des années, des générations et qui nous guident ou nous limitent, voire les deux à la fois.

Ils génèrent ces phénomènes de rétroactions, de cause à effet et vice-versa, qui passent sous nos radars et qui sont des éléments constituants de la complexité si chère à Edgar Morin[2] qui agitent nos organisations.

Même si quelquefois nous rencontrons quelques difficultés à le laisser extérioriser, nous sommes tous reliés et je propose ici une éthique, certainement inspirée de la permaculture et de ma résonnance culturelle. 

 

Ces trois points d’appui guident mes prestations au quotidien :   

 

Le respect du potentiel Humain

Dans toutes ses différences et singularités, ses forces et faiblesses, ses réussites et ses échecs… 

C’est accepter chaque personne dans son intégrité et unicité. Les jugements et a priori sont une limite que nous pouvons dépasser pour apprécier autrui avec toutes ses dimensions. C’est réussir à lâcher les comparaisons, que ce soit avec soi-même, avec ses propres comportements ou avec ses propres croyances. C’est reconnaître la vérité de l’autre comme étant vraie, autant que la sienne. 

La vigilance est de mise pour nous, entrepreneurs, méfions-nous de nos postulats qui masquent le meilleur de la personne et nous privent de toutes ses richesses. 

- Suis-je en capacité, pour chacun de mes collaborateurs-trices, d’énumérer leurs richesses (en dehors de leurs compétences) ?  

 

Le respect des Relations

De toutes les relations et interrelations, des interactions, des coopérations…    

Ce respect a comme postulat qu’au-delà de ce que nous percevons, il existe des liens intangibles qui se sont noués au fil du temps. Ils agissent de manière très tangible sur nos propres comportements, nos relations au quotidien et nos actions. Imaginons l’influence sur nos résultats, nous avons tous en mémoire des frustrations que nous avons dû raisonner, rationaliser.

Lorsque nous sommes des entrepreneurs en vie, nous acceptons de douter de ce que nous voyons, de ce que nous entendons et comprenons. Nous nous ouvrons à l’introspection et  à l’observation curieuse sur la relation en jeu. Et in fine, nous libérons un potentiel de ressources inestimable.

- Quelle est ma croyance à ce sujet ?

- Puis-je clarifier les liens qui relient les personnes entre elles au sein de mon organisation (hors leurs rôles respectifs) ? 

 

Le respect des opportunités

Ces partages, ces échanges qui ouvrent des perspectives d’idées, de propositions, de solutions… dans mon cercle d’influence.     

C’est se donner du temps pour voir et comprendre toutes les opportunités qui ont déjà été réalisées et que nous n’avons pas encore vues ou découvertes, et elles sont nombreuses à coup sûr !

C’est se donner du temps pour délier le nœud gordien de nos thématiques, du contexte, des situations et découvrir des opportunités à saisir et à co-construire ensemble et avec.

L’opportunité est, pour moi, celle du Kairos, ma figure de proue. C’est le moment propice pour saisir l’occasion d’être, de réaliser, de créer. Il ne manque pas de raison pourtant pour ignorer ces moments-là…

« Toutes ces paroles que nous aurions dû dire, ces gestes que nous aurions dû faire, ces kairos fulgurants qui ont un jour surgi, qu’on n’a pas su saisir et qui se sont enfoncés pour toujours dans le néant ».[3]

 

- Quelles sont les opportunités dont je me prive, dont je prive tout mon environnement ?

 

Comment pourrions-nous respecter les liens qui font de chacun de nos collègues, clients et partenaires, une personnalité singulière si nous n’avons pas pris soin d’écouter en profondeur, d’observer leurs comportements, de saisir leurs valeurs, de ressentir leurs émotions  ?

Comment pourrions-nous découvrir les talents et nous ajuster aux faiblesses de l’autre et des nôtres si nous ne respectons pas les liens qui nous unissent, ne serait-ce peut-être que par ces ressemblances ou dissonances qui résonnent en nous ?

Imaginons-nous que seul, nous pouvons saisir et transformer toutes les opportunités que nous offrent ces situations et  ce contexte actuel ?

 

Considérer en conscience ces trois respects est à nouveau une question d’alignements qui ont la puissance de produire in fine le Sens et l’énergie pour nos propres enjeux.

Comme le cultivateur dont la mission est de rendre un terrain fertile et accueillant pour une levée régulière et une récolte abondante : Prenons le temps de faire éclore ces graines de puissance qui sont en chacun de nous.


[1] Phrase attribuée à André Malraux : “Le 21ème siècle sera spirituel (mystique) ou ne sera pas“

[2] Edgar Morin. Philosophe, sociologue français. Auteur prolifique notamment “La méthode“.

[3] Muriel Barbery – L’élégance du hérisson. Gallimard.2006.

mercredi 22 juillet 2020

Le saut de la foi.

Les articles précédents ont évoqué la résilience. Le mot est si proche que l’on pourrait le confondre avec résistances (au pluriel).

Nous avons tous un pas à faire pour animer le futur que nous voudrions voir surgir. Quels que soient l’endroit où nous sommes et l’envie qui nous taraude, nous avons cet appel inexplicable vers un incertain, qui s’oppose à nos doutes et à nos peurs.

Dans le film « la dernière croisade », Indiana Jones, après avoir franchi les pièges de la galerie, arrive sur le haut d’une falaise devant un gouffre infranchissable. Après maintes hésitations, il s’engage vers ce vide insondable. Ce “saut de la foi“ libère l’effet d’optique qui masquait une passerelle. Elle lui permet de continuer son périple.

 

En cette période estivale, voire vacancière, j’ai envie de vous partager un extrait de mon journal de bord. Il évoque ces moments de tergiversations où nos ressentis nous signalent que c’est possible… maintenant !


Mon saut de la foi…     

Juché sur le haut de ma falaise, je domine l’océan, je profite d’un horizon parfaitement dégagé, avec la lumière exceptionnelle d’une belle journée un peu fraîche.

Ce soir, la Bretagne s’apprête à accueillir l’hiver.

Le soleil descend lentement, et commence à se colorer en s’approchant de l’océan, comme pour l’honorer une dernière fois avant de s’éclipser.

La nuit attend son heure pour envelopper en douceur ce paysage, avec peut-être son amie la lune.

 

Je me souviens, il y a quelques années, sur ce même promontoire :

Il y a l’horizon, à n’en plus finir

Ces possibles routes qui courent

Invisibles sur cet océan de doutes

Prendre l’une d’elle en toute incertitude

Prendre l’une d’elle pour rêver et grandir

Chercher celle-là, en toute certitude

Pour avancer en toute sécurité, pour mourir

Pour mourir sans risque

Pour mourir sans passion

 

Sur la route, découvrir

Voler en mode passion

Vivre, tout simplement…

J’ai choisi de prendre la route pour rêver et grandir, en toute incertitude ; quelquefois en insécurité, mais je vis bel et bien en mode passion…

Je remercie ce chemin-là,  où je me découvre encore et sur lequel je progresse pas à pas.

Et comme le chantait Jean Gabin[1], qui l’avait emprunté à Socrate : je sais, je sais, je sais que l’on ne sait jamais…

 

Qu’est-ce qui nous retient de réaliser notre “saut de la foi“ ?

Cristalliser cette passion qui réside au fond de nous et lui offrir toute l’énergie nécessaire pour surmonter nos doutes et nos peurs.

Notre principal challenge est peut-être là.

 

Ce contexte met en exergue nos peurs qui deviennent visibles et explicites. Chacun de nous a une intime perception sur ce qui se déroule en ce moment : peur de perdre la santé, peur de transmettre ce satané virus, peur d’être trop conforme, peur d’être manipulé, peur de perdre ses moyens, peur de perdre son travail, peur de la faillite de son entreprise… La liste est longue et jamais exhaustive.

Pourtant aucune d’elle n’est moins importante, cruciale et fondée qu’une autre : elles ont toutes assurément le pouvoir de nous confronter, de nous placer face à nous-mêmes.

Tous ces boucs émissaires que nous agitons pour nous protéger d’elles ne les apaisent pas. Bien au contraire, nos raisonnements qui ont des allures de rationalité ne sont que des remparts inefficaces ;  nos peurs peuvent vivre en nous en toute tranquillité, elles ont encore de beaux jours devant elles.  

Il n’y a pas de magie, ce fut l’une des nombreuses découvertes du coaching qui m’aide au quotidien : le seul qui puisse agir pour soi, c’est soi.

Et paradoxalement, c’est le chemin qui nous évite l’érosion, voire la destruction des liens qui nous réunissent, qui nous lient les uns aux autres*.

 

Alors, quand commençons-nous à soigner le JE ? 

Quand allons-nous faire le pas qui compte, réellement ?

Et ouvrir la passerelle qui nous emmène vers nos horizons enviables.  

 

 

 

* lire le prochain article : des liens qui nous relient. 



[1] Jean Gabin. Acteur français – 1904 – 1976.

mercredi 15 juillet 2020

Tous résilients

Dans mon dernier article, j’écrivais que le temps de la résilience était venu. En quelque sorte, j’enfonçais une porte ouverte, car ne sommes-nous pas toujours en résilience ?

En avoir conscience est-il suffisant ?  

 

Au fil de mon parcours entrepreneurial et personnel, j’ai pu connaître ces moments où le lâcher-prise n’est pas une option, mais une question de survie. Ces instants suspendus, où nous saisissons toute notre impuissance et notre vulnérabilité révèle paradoxalement toute notre puissance à relever les challenges qui se présentent à nous, quels qu’ils soient. Où la reconnaissance de nos imperfections, même et surtout nombreuses,  révèle notre force intérieure qui se décuple au-delà de ce que nous pouvions imaginer. 

Cette résilience là, nous incite à compter avec les autres, pour ouvrir un nouveau futur enviable. 

Un chemin sur lequel le pas-à-pas est de mise et les effets sont plus importants que les résultats. Une temporalité qui ne nous est pas coutumière, où le temps se partage entre l’urgence et la recherche de sens pour aller plus loin et croire au meilleur. 

Voilà en quelques mots comment je lis, comment je vis la résilience .

 

Il y a plusieurs niveaux pour la vivre, j’en ai identifié 3. Le niveau zéro, consécutif au point de départ (le choc), c’est celui où nous hésitons entre refus, déni, réactions et subir ou nous engager vers le niveau 1 pour agir et reconstruire. Puis, comme le phénix :  renaître de nos cendres ; malgré les doutes et les incertitudes en présence, apprendre et réinventer un futur audacieux et engageant : niveau 2 de la résilience.

Nous sommes tous sur le chemin : que nous le refusions, sous prétexte d’une irrationalité latente, d’une urgence incontournable ou que nous en acceptions l’augure, nous sommes bel et bien en résilience. 

Comme je l’écrivais dans mon précédent article, l’essentiel est de clarifier où nous nous situons dans cette voie là et comment nous capitalisons de ces expériences irremplaçables, que le hasard n’est pas le seul à avoir placé sur notre route.

Ayons conscience que nous avons le pouvoir de changer les choses et que nos actes seront portés d’effets ; qui, associés à tous les autres feront que cet avenir enviable est à notre portée.

 

Nous avons chacun de nous, un périmètre d’influence, et ce n’est pas son étendue qui en fait sa puissance, mais l’intensité individuelle que nous y consacrons. La célèbre injonction de Gandhi «si tu veux changer le monde, commence par te changer toi-même» n’a jamais été autant d’actualité.

Nous pouvons changer le monde en changeant notre comportement et de fait celui de nos organisations.

Nous y voilà. Nos entreprises, particulièrement les TPE & PME, sont la ressource de notre pays. Comme nous le savons, elles représentent 99 % des entreprises en France, et à elles seules,  65 % de l’activité en France, alors ! pourquoi n’auraient-elles pas le pouvoir de changer leur environnement ?

 

Cette difficulté ne nous incombe-t-elle pas ? 

Oser reconnaître et exprimer nos imperfections, nos vulnérabilités, nos limites, notre impuissance est un exercice aussi périlleux et courageux qu'il est nécessaire.         

 - Prenons-nous suffisamment de temps pour s’interroger et les reconnaître ?

- Écoutons-nous suffisamment nos équipes, leurs doutes, leurs questions, même celles auxquelles nous ne saurons pas répondre, même celles qui nous déstabilisent ?

- Combien de temps consacrons-nous à écouter vraiment ce qui veut naître ?

Notre posture de chef de guerre, de super héros, est quelquefois salvatrice, mais elle est souvent contre-productive. Elle a malheureusement le pouvoir de tuer les embryons d’idées et d’utopies puisées dans un futur enviable.

Cessons d’agir comme par le passé; agissons comme pour le futur.  

Nous avons le devoir de nettoyer nos lunettes et revoir nos croyances managériales pour donner libre cours à tout ce que notre propre résilience est en capacité de nous offrir. Nous en priver serait une faute entrepreneuriale majeure. Peut-être irréversible dans le contexte que nous connaissons.

Comme l'écrit F.Balta[1]"Oui c'est un travail sur soi, mais pas au sens du développement “personnel“ mais un travail sur son soi-professionnel qu'il s'agit d'ouvrir à l'imprévu, à la créativité, à la surprise". Un processus de co-construction, de co-élaboration et de coopération.    

C’est l’une des voies, à mon sens pour une résilience éclairée, soutenue et soutenable pour l’avenir de nos entreprises.

Je termine avec cette citation de Mihaly Csikszentmihaly, reprise dans mon article du 11 mai (jour 1 !) : «C’est seulement lorsque le résultat est incertain qu’il est possible de l’influencer».

Incertain sans aucun doute, influençable à coup sûr !

Nous avons un rendez-vous à ne pas sous-estimer.   


Aller plus loin ? on en parle.




[1] François Balta. Médecin, formateur et superviseur de l’approche Systémique   


samedi 4 juillet 2020

Résilience opportune

Le temps de la résilience est venu et c'est notre challenge*.

Nous sommes encore nombreux à ne pas saisir complètement la nuance entre l’énergie que nous développions avant ce rendez-vous du siècle que nous a offert ce virus et cette agitation qui nous occupe à ce moment.

Elle masque dramatiquement les besoins profonds de nos organisations qui sont de fait entrées en résilience. Cette crise, car c'en est une, est un moment de transition dense. Une réelle opportunité ! Pour autant que nous puissions la saisir. 

Passé la phase de sidération à laquelle nos "illusions d'esprit" nous invitaient ; nos capacités et rôles d’entrepreneurs nous ont incités à agir. Réagir serait peut-être plus approprié.

Tout le monde est sur le pont, nous gérons au plus pressé. Nous sommes tous des soldats qui sauvons Ryan, il y a une raison supérieure ! Tout devient urgence, un méli-mélo de court, moyen et long terme. Nous assurons le présent et anticipons de nouvelles altérations  qui ne manqueront pas de survenir. La situation était tellement improbable, sans précédent,  que nous sommes entrés de fait en résilience.

Kesako ?

« Elle désigne originellement la résistance d’un matériau aux chocs et sa capacité à revenir à son état d'origine (le fait de rebondir du latin resilientia). Par extension c’est la capacité d’un corps, organisme, système, structure à surmonter une altération de son environnement ». (source Wikipédia)

Mettre en résilience son entreprise, c'est donc passer de l’état de choc au rebond, c'est-à-dire sauver l'activité, assurer la survie tout en suscitant l'envie de continuer à toutes les parties prenantes et les tiers.

Que ce soit individuellement ou collectivement, face à une crise, on le sait, cette réaction est souvent intuitive ; notre cerveau reptilien nous y invite, une question de survie empruntée à nos lointains aïeuls.

Citons ces 3 conditions préalables à la résilience :

-        Faire face à l’adversité

-        Résister et s’adapter 

-        Surmonter, se transformer et transformer la réalité immédiate.  

Très gourmand en énergie, ces activités fatiguent et usent les ressources. Elles répondent cependant à une résilience de niveau 1. C'est cette dernière assure une survie, elle a souvent pour seul objectif d’attendre de revenir, voire de faire en sorte de revenir, à la situation initiale et connue.

Sauf que, lors d’une crise et notamment celle-ci, un retour à “comme avant“ ne semble pas plus possible que souhaitable.

Pour assurer notre pérennité, individuelle et collective, nous devons passer à un autre niveau de résilience : c'est le niveau 2 ou la “résilience appréciative[1]“.  

Elle nous invite à aller au-delà du rebond de survie pour déployer la troisième condition citée ci-dessus en vue d’aller vers un avenir désirable enrichi des apprentissages de la crise. Elle nous offre la perspectives d'entamer les mutations nécessaires de nos organisations.  

Les procédures sont inappropriés pour déployer ce niveau de résilience. En effet, nous abordons ici toute la complexité de nos organisations, soutenues par des hommes et des femmes.  

« Pour tendre vers la résilience et renaître après une crise, une entreprise doit créer un nouveau schéma de développement […] Le management doit organiser une réflexion collective sur les problèmes qui se sont posés durant la crise, sur les échecs ou les erreurs potentielles. Il pourra ensuite initier avec la direction un processus de résilience (collective et individuelle) et amorcer un nouveau développement ».[2]


Nos questions « urgentes » du moment :

À quel niveau de résilience sommes-nous ?

Comment progressons nous dans cette résilience ?

Et si vous commenciez ici  


* Un challenge est une situation difficile se présentant à quelqu’un ou à un groupe, et constituant pour lui un défi à relever… (Définition Larousse) Relire l'article : Une Progressance Rebelle. 


[1] J.C Barralis & S.Proust de l’Institut Français d’Appréciative Inquiry. Paris.

[2] Interwiew de Boris Cyrulnik le 20 avril dans http://courriercadres.com

jeudi 2 juillet 2020

Illusions d'esprit

Nous sommes instrumentalisés par notre cerveau.

Nous connaissons tous ces effets ou illusions d’optique qui nous rappellent que nous pouvons nous faire leurrer en totale inconscience. Hubert Reeves, que l’on ne présente plus, souligne : « L’univers prend la forme de mon regard ». Tous nos sens sont le jouet d’une rationalité supposée qui transforment sans vergogne, voire, refuse la réalité qui s’impose à nous.

En fait, à force de chercher à être cohérent, notre cerveau en devient bête comme le dit Nick Chater[1]. Pour chaque situation, il s’empresse de rechercher des interprétations déjà connues et il nous les propose en fonction du contexte en présence ou des objectifs souhaités. De fait, nous ne sommes jamais totalement vierges d’idées et de croyances, et nos filtres créent des biais cognitifs difficiles à détecter.

La capacité de notre cerveau à improviser et sa rapidité peuvent nous laisser supposer que nous avons une quelconque lucidité sur ce qu’il nous délivre. Il nous est impératif de douter de ce que nous voyons, de ce que nous entendons, comprenons et même ressentons.

Un autre chercheur en neurosciences, Fransisco Varela[2], a mis en évidence, au cours de ses recherches, que les perceptions construites par notre cerveau sont le résultat d’un assemblage de signaux captés à l’extérieur par nos sens pour seulement 20 % et de signaux internes pour 80 %.  

Soyons heureux d’avoir des illusions d’esprit, elles sont les marques de notre personnalité.

Mais, avons-nous conscience qu’elles nous abusent et limitent nos capacités d’actions, de relations, voire de résilience?

 

Et peut-être une invitation à un peu plus d’humilité. 

 


[1] Nick Chater – Professeur en sciences du comportement à l’université de Warwick, auteur de : “The Mind is Flat“ Lauréat 2019 du prix PROSE

[2] Fransisco Varela – Neurobiologiste Chilien. 1946-2001.