lundi 29 juin 2020

Racines

Les racines sont cette partie invisible qui nourrit et soutient toute la frondaison de nos forêts. Sans racines, pas de vie.

Il en est de même pour nous, individuellement comme collectivement.

L’arbre et ses racines sont une symbolique que j’apprécie tout particulièrement. Lorsque nous entrons dans la forêt, imaginons-nous l’imposant entrelacs qui se noue et se joue sous nos pas ?

Cet enchevêtrement ne doit rien au hasard, on sait maintenant qu’il constitue un vaste réseau de communication et d’interconnexions qui favorisent et entretiennent la vie de la communauté.

Stéphano Moncuso[1] écrit dans son livre “La révolution des plantes“ : « Nous percevons en elle une simple composante des paysages qui nous entourent, car nous ne voyons vraiment que ce que nous comprenons, et nous comprenons vraiment que ce qui est semblable à nous».

Ainsi, toujours le même, nous rapporte que le botaniste Alexander Braun, en 1855, emboîte le pas aux “Darwin“ grand-père, fils et petit-fils. Ce dernier remarque ceci : «L’observation des plantes, et notamment les arbres, incite à penser qu’il ne s’agit pas d’êtres uniques et individuels, comme un animal ou un homme, mais plutôt d’ensembles d’individus liés les uns aux autres.»  

Et bien nous y voilà, nos organisations ne seraient-elles pas un ensemble d’individus, des êtres uniques liés les uns aux autres ?

Nous ne voyons de l’entreprise que ce que nous comprenons, et le vrai changement de paradigme est ici. Comme le botaniste face à la nature, nous devons élargir notre compréhension de l’organisation pour voir plus et plus grand.

Aller chercher et reconnaître nos propres racines et celles de nos organisations, c’est peut-être une manière de rester en vie et de prendre soin de ce qui nous fait vibrer.

Continuons sur le chemin nourrissant de nos chers arbres avec ce Mr Moncuso décidément bien inspirant. Il nous propose cette réflexion : «en un certain sens, l’organisation des plantes est le signe par excellence de leur modernité : elles sont construites selon une architecture modulaire, coopérative, dépourvue de commandes centralisées et capable de survivre à des prédations catastrophiques et répétées».    

 La nature est un exemple de résilience et d’adaptation.

Nous avons là nos lay-line comme diraient nos skippers de course. D’un côté l’agitation des animaux et des hommes et de l’autre un immobilisme tout relatif de la nature.

D’une temporalité à l’autre, nous avons toute latitude pour trouver les points d’équilibres qui nous correspondent individuellement et collectivement. 

Nous avons autorité pour les mettre en œuvre au sein de nos organisations et de notre management. 

Qu'attendons-nous pour explorer ces ressources naturelles qui sont à notre portée? 

"Prendre le temps et agir vite" (voir l'article : Progressance rebelle). 




[1] Stéphano Moncuso – chercheur et écrivain italien. Fondateur de la neurobiologie végétale.

jeudi 18 juin 2020

Utile en conscience

Une entreprise qui vit permet à chacun de ses salariés de prendre conscience de ses propres valeurs et comportements, y compris ceux qui ont un potentiel limitant. Nous le constatons, des milliers ou plutôt des millions de gens, ont besoin, exigent même, d’être entendu et surtout, que nous prenions soin de leur parole, de ce qu’ils disent de plus en plus fort.

 

Comme nous le rappelle Margaret Mead : « Ne doutez jamais qu’un petit groupe d’individus conscients et engagés peuvent changer le monde»[1]. Et elle ajoute : « c’est toujours comme cela que ça s’est passé».

Un homme averti en vaut deux !

 

Au sein de nos organisations, la perte de sens et en conséquence de but est synonyme de démotivation. Cette situation représente un potentiel de conflits, de relations belliqueuses, de rigidités et in fine de coûts invisibles et qui pour le coup seront bien visibles sur le bas du compte d’exploitation et de nos trésoreries.

 

Une entreprise en conscience de sa complexité et de ses essentiels, de sa raison d’être en quelque sorte, est généralement saine économiquement et socialement. Elles ont une capacité de résilience qui leur permet de réagir et de continuer un développement salutaire pour elle, pour toutes les personnes qui y sont engagées et pour leur environnement.

C’est une attitude qui demande d’émettre des signaux bien réels et explicites. Comme évoqué dans un article précédent, nos entreprises sont d’un intérêt majeur pour un pays, au niveau global comme au local. En effet, quelle que soit leur taille, nos organisations et tous leurs employés et partenaires offrent une partie non négligeable des fruits de leurs récoltes à destination du bien commun. Qu’elles soient sollicitées ou de manière volontaire, elles participent d’une façon ou d’une autre à des œuvres sociales. Quelquefois, elles s’engagent dans des actions de bénévolat, mettent à disposition d’associations des moyens techniques et humains et pleins d’autres gestes plus ou moins visibles. Prendre le temps de communiquer sur ces sujets est un réflexe porteur de reconnaissance pour tous.

Il en est de ces actions choisies, ponctuelles ou pérennes certes. Mais au sein de nos chiffres d’exploitation, nous avons aussi une masse économique, bel et bien sonnante et trébuchante, qui valorise l’objet de notre contribution au développement de notre environnement local. Il ne tient qu’à nous d’adopter une attitude de communication. Non pas pour faire briller nos initiatives, notre humilité s’en trouverait froissée, mais parce qu’elle représente un formidable moyen pour mettre en avant, comme nous l’évoquerons plus loin, les valeurs et les missions individuelles et collectives qui nous animent tous.  

 

Il existe notamment une méthode[2] qui consiste à comptabiliser au sein de notre bilan tous les postes qui sont de nature à rester sur le territoire fiscal où nous nous situons. À l’issue de cet inventaire qui est en soi une expertise, il est octroyé un pourcentage qui valide tout simplement la part du chiffre d’affaires qui contribue à la communauté. C’est en quelque sorte un indicateur d’utilité publique économique et sociale de nos entreprises ainsi qu’une mise en lumière du travail fourni par chacune des personnes qui en sont les acteurs au quotidien.

 

De facto, c’est un résultat collectif qui appartient à toutes et tous. Soyez certain que chacun ne se prive pas d’aller y puiser des signes de reconnaissance. Ce sont ces signaux-là qui enrichissent notre engagement, notre motivation et augmentent l’énergie disponible pour la réalisation de nos rôles au sein de l’entreprise et bien au-delà.

 

Sans réaliser nécessairement cette investigation, nous pouvons à minima, nous offrir le temps d’observer, de partager et de prendre conscience collectivement de notre part contributive au bien commun. C’est l’une des reconnaissances qui améliore singulièrement la relation à son travail ainsi que son estime de Soi. Une démarche qui nous transporte dans un cercle vertueux, de complicités et de réalisations, bien visibles celles-ci. C’est du gagnant-gagnant pour toutes les parties, en interne comme en externe et un liant implicite de la cohésion des équipes.

 

Une entreprise qui met en valeur sa propre utilité et qui permet à chacune de ses parties prenantes, internes et externes de l’exprimer et de comprendre sa participation améliore considérablement sa pérennité à coup sûr.



[1] Margaret Mead : Anthropologue américaine (1901-1978)

[2] www.biomattitude - Agence de notation qui mesure et valorise la contribution au territoire des entreprises.


vendredi 12 juin 2020

Tenter l'erreur...

Pour continuer en progressance rebelle, et après l’observation, la curiosité et le mystère, je propose de faire l’éloge de l’erreurAvec son cortège d’à priori négatifs, malvenue dans notre quotidien, elle mérite pourtant toute sa place dans nos entreprises en vie. 


À la fin de l’article « demain est mystère », je reprenais cette citation d’un entrepreneur : « Ne pas s’octroyer au moins vingt minutes par jour pour soi-même est une faute professionnelle » 

 Une faute est une erreur que l’on ne corrige pas. La répéter inlassablement, par habitude ou par déni, voire par méconnaissance, conduit irrémédiablement au même résultat.

«La folie, c’est de faire la même chose plusieurs fois et d’espérer des résultats différents». Albert Einstein.    

- Sincèrement, combien de fois, ne nous sommes-nous pas cantonnés à refaire encore et encore,  en espérant que ce sera différent ?

La véritable erreur est de ne pas la tenter.  

Que ce soient les nôtres ou celles des autres ; où en sommes-nous dans leurs reconnaissances,  dans leur acceptation ?    

Reconnaître nos dénis, nos craintes, c’est se libérer et se préparer à obtenir des actions à la hauteur de nos attentes. C’est être curieux et oser le feeback honnête, pour apprendre, et être libre de recommencer, en mieux !

Comme l’enfant qui se relève plus de 2000 fois avant de réussir à marcher. En fait, il valide simplement des centaines de situations qui ne lui permettent pas de marcher seul, avant de découvrir celle qui lui convient.

L’erreur est une source intarissable de bénéfices, pour autant que nous la mettions à notre service.

Vous aimez la tarte Tatin ou les Carambar ? Comme bien d’autres, ils sont nés de la sérendipité associée à la sagacité. C’est-à-dire : a priori une erreur ou un soi-disant hasard qui se transforme en réussite. Une association nécessaire pour l’entreprise autant que pour soi-même. 

Plus que le droit à l’erreur, j’avance même que nous avons le devoir de la tenter ! 

En effet, ne plus constater d’erreurs n'est peut-être pas un signe de réussite. C'est soit un déni, soit un manque d’initiatives et donc de créativité. Ces absences-là sont bien plus contre-productives qu’une erreur reconnue, acceptée et transformée. 


Bien loin de laisser faire n’importe quoi, ce devoir est au contraire une autorisation en toute protection et confiance, à essayer, à tester, à tenter pour finalement progresser.

Nelson Mandela [1] disait : «Je ne perds jamais, je gagne ou j’apprends».


Sans cette posture, nous prenons un autre risque, celui de s’enfermer dans une routine contraignante qui peut quelquefois, ressembler à un confort rassurant.

L’enfant aurait-il pu se relever et marcher s’il n’avait pas, ancré en lui, ce devoir d’erreur et cette certitude de réussir ?

«La qualité d’un homme se calcule à sa démesure; tentez, essayez, échouez même, ce sera votre réussite» Jacques Brel.  

Prenons-soin des erreurs, les nôtres et celle des autres, comme s’ils s’agissaient de pépites.

-       À quand remontent mes dernières erreurs ?

-       À quand remontent les dernières erreurs dans mon environnement ? 

-       Ai-je réussi à les transformer en réussite ?

-       Ai-je réussi à grandir ou à faire grandir la ou les personnes impliquées ?  

Nous sommes faits de nos erreurs, plus certainement que de nos réussites, alors ne nous privons pas de tenter. Les risques que nous pensons encourir ne sont souvent que des fantasmes qui tentent de nous rassurer ; et qui au demeurant, ne nous rassurent pas du tout !

"Prendre une chance“ comme disent nos amis québécois est source de satisfaction et affirme les reconnaissances croisées.

Le vrai risque est celui de l’immobilisme

L'autre risque est de passer à coté de réponses adéquates, de réussites potentielles.

- Saisissons-nous suffisamment notre chance de tenter l'erreur ?

- Saisissons-nous la chance de laisser l'autre tenter l'erreur ?

  La réussite d’aujourd’hui est souvent le résultat d’un échec d’hier.


[1] Nelson Mandela. 1918.2013 – Homme d’état Sud Africain.

mercredi 10 juin 2020

Un rendez-vous

Erik Orsenna[1] écrit dans “Beaumarchais“ : « Les siècles se moquent des rendez-vous. Et souvent tardent à céder la place. Le 11 novembre 1918 marque le commencement du XXème siècle et le 1er septembre 1715, avec la mort de Louis XIV,  celui du XVIIIème siècle ».

Un virus, infiniment petit, nous a fixé le point de commencement du XXIème siècle en 2020.  

 

Même si le précédent tarde encore à céder sa place dans nos têtes d’entrepreneurs. Même si nous déployons une résistance à ce changement, il est cette fois-ci bien visible. C’est certainement un rendez-vous unique, exceptionnel, une véritable opportunité qui nous promet, une remise en cause profonde de nos systèmes de développement.

L’heure est venue de reconnaître et d’accepter définitivement que la courbe de notre évolution n’est plus favorable, ni à nous les Hommes, ni à la planète entière. Que nous devons faire preuve d’une humilité profonde et bien réelle ! Que nous pouvons en prendre conscience et agir en conséquence !

Ce changement de paradigme, car c’est bien cela que nous vivons, ne peut se faire qu’avec le plus grand nombre. S’engager dans des voies communes de respect des Hommes, des Ressources et de notre Environnement n’est plus une alternative, mais une nécessité absolue.

 

La voie de la « progressance rebelle » nous est ouverte.   



[1] Erik Orsenna. Ecrivain français – Membre de l’académie française.


vendredi 5 juin 2020

Une Progressance rebelle

Cette progressance, que nous offrent les “progredientes “ nous invite, selon Alexandre Jollien, à progresser pas à pas vers une sagesse espiègle. Voilà un postulat qui ouvre à de bien belles perspectives.

En quoi pourrions-nous être plus sages… ou plus rebelles ? 

Dans cet océan d’incertitudes, de questions, de doutes et de craintes, voire de peurs, notre difficulté est celle de trouver où et comment poser le "pas qui compte".

Précédemment, nous avons fait l’éloge de l’observation et de la curiosité qui incitent à voyager parmi les mystères qui nous entourent et ceux qui, en notre for intérieur, nous agitent.

En France, il y a maintenant plus de vingt jours que nous sommes en dé-confinement, et maintenant :  

-       Combien pèsent nos satisfactions ?

      Saurions-nous les nommer ?

-       Avons-nous pris le temps d’écouter et de comprendre nos propres sentiments ?

-       Où en sont nos propres enjeux ? 

      Et nos valeurs ?    

-     Avons-nous consacré suffisamment de temps aux échanges et partages avec nos proches, nos collègues, nos partenaires ?

Il y a, dans toutes ces introspections et ces extrospections des potentiels inimaginables de se libérer d’entraves plus ou moins conscientes.

Abusons de ces moments volés à une agitation collective. Le moment est peut-être opportun pour consacrer toute notre énergie à aligner notre développement avec nos valeurs.  

Nous sommes tous responsables : de nous-mêmes, d’une communauté et in fine du collectif monde. À ce titre, nous avons tous des obligations et à coup sûr du pouvoir.

À commencer par celui de changer de promontoire, voire de piédestal, pour voir et imaginer l’espace autrement. Cristalliser les voies d’un avenir enviable, celui que notre petite voix intérieure ne cesse de nous susurrer, lorsqu’elle ne nous le crie pas.

Avant qu’elle ne nous engueule vraiment, bougeons-nous…  

Dans ce contexte, les plus forts sont ceux qui font des choix alignés. Les plus faibles ne seront pas ceux qui ont mis le genou à terre. Le camp des vainqueurs n’est peut-être plus là où nous avons l’habitude de le voir.

Oui ! Nous devons faire face à nos impératifs immédiats et importants. Et nous avons aussi le devoir de prévoir, d’anticiper et de faire face aux enjeux collectifs et planétaires. C’est notre responsabilité individuelle d’entrepreneur en vie. Quel que soit notre rôle dans l’organisation, nous avons la puissance d’animer notre périmètre d’influence.

Bien plus qu’hier, aujourd’hui et demain nous aurons besoin que toutes les ressources œuvrent de concert. Transformons nos relations importantes en liens essentiels. 

L’heure n’est plus aux jugements et à priori qui stigmatisent et isolent. L’heure est à l’ouverture avec la profonde conviction que chacun de nous détient une partie, même infime, de la source qui alimente cette progressance.

L’entrepreneur en vie sait exprimer des pensées sincères et altruistes. Il est à la fois : présent, disponible, en accueil autant qu’en recul et en appui pour réguler si besoin. C’est un chemin d’autonomie pour lui autant que pour les parties prenantes qui œuvrent dans son environnement.

 Mettre l’essentiel au cœur de l’important (voir l’article : “En Vie “) n’est plus une alternative, mais une nécessité. Ayons conscience que sans cet équilibre, nous obérons gravement les chances de réussites de nos entreprises.

Alors! que faisons-nous pour transformer cette situation en une opportunité qui s’aligne avec ces valeurs, voire ces désirs, qui nous animent depuis si longtemps ?

Que mettons-nous en œuvre pour utiliser nos efficacités individuelles et collectives au service d’un développement efficient ?

Un challenge est une situation difficile se présentant à quelqu’un ou à un groupe, et constituant pour lui un défi à relever… (Définition Larousse)

Notre premier challenge est peut-être, de passer des dénis aux défis, d’être rebelle de soi-même, de ses vérités, de ses croyances qui s’agitent et qui masquent, parfois, nos profondes motivations. 

Le moment est venu de poser les enjeux essentiels au cœur de chacun de nos défis, et pas le contraire.

"Prendre le temps et agir vite" sont le yïn et le yang de l'entrepreneur en vie. 

 Ils sont complémentaires et comme un leitmotiv, ils rythment nos progressances rebelles et joyeuses.