lundi 11 mai 2020

Et maintenant...

11 mai 2020, 1er jour d’après en France. Plus de cinquante jours en confinement ! Et maintenant ?
En cette période chargée d’incertitudes, de doutes, de réponses imprécises, nous sommes confrontés à nos craintes. Notamment celle de perdre le contrôle, exercice pour lequel nous excellons habituellement ! Ce contexte incertain est à coup sûr une source exceptionnelle à la fois d’humilité et de créativité, de liberté et d’ouvertures insoupçonnées.
Mihaly Csikszentmihaly[1] nous propose d’influencer l’avenir en notre faveur : «C’est seulement lorsque le résultat est incertain qu’il est possible de l’influencer».
L’influence prend toujours son temps…
L’heure est à la prise de conscience, les solutions viendront à leur rythme… Nous entrons dans la double temporalité du Kairos et du Pro : le premier désigne l’opportunité, l’occasion propice, le moment favorable… Et le second : le Pro des Progredientes, ces philosophes grecs qui proposaient d’avancer pas à pas vers la sagesse.
Tout vient en son heure à qui sait attendre, et c’est peut-être le premier talent que nous avons à actionner, celui de l’observateur. Il sait prendre le temps de voir les choses que les autres ne voient pas, les signaux les plus faibles qui sont autant d’informations qui facilitent la compréhension de ce qui se passe, que ce soit en nous ou à l’extérieur de nous.
Il est en écoute profonde sur ses ressentis, sensations et émotions. Cette posture lui ouvre des perspectives qui sont pour le moins éclairantes, à coup sûr enrichissantes.
Cherchons à saisir ce qui se déploie, à accrocher les fils entre eux et affiner notre envie relationnelle pour faire jaillir cette pépite qui sommeille en l’autre, en nous.
L’observation est ce temps que nous nous accordons pour nous ouvrir à Soi et à l’autre, c’est affirmer son respect de l’environnement, ces liens visibles et invisibles qui unissent chacun des Hommes et qui nous relient.
Manquer d’observation, c’est manquer d’informations à coup sûr et c’est prendre le risque de s’engager dans une voie en méconnaissance et finalement subir.
Ceci ne veut pas dire que lorsque nous prenons le temps d’observer nous ne nous engageons qu’en toute connaissance. Non ! Nous avons seulement conscience de ce que nous ne pouvons pas appréhender à cet instant-là, et c’est néanmoins suffisant pour faire le pas de plus.
C’est peut-être paradoxal, mais c’est parce que nous acceptons l’existence de cette part d’irrationnel et d’incompréhensible que nous nous autorisons à prendre ce temps pour observer.
C’est aussi parce que nous acceptons d’observer sans jugement et sans aucun a priori que nous libérons nos ancres qui nous empêchent de prendre de la hauteur.
Offrons-nous ces moments d’observations curieuses et avançons d’un pas sûr : le nôtre.
[1] Psychologue hongrois contemporain. Né en 1934