jeudi 27 août 2020

Le Sens

 L’ESCABO, présenté récemment sur ce blog, met en avant le SENS comme l’une des pièces essentielles du puzzle de construction de nos projets. C’est à coup sûr la clé de voûte. En tout cas, en ce qui me concerne, il anime mes actions, et lorsque je suis face à une décision, il me donne l’alignement.

Car le Sens exprime la signification tout autant que la direction, le ressenti tout autant que l’impulsion pour s’engager sur sa route.

Victor Frankl[1] qui a œuvré (et expérimenté) sur notre besoin absolu de sens nous délivre ceci :

“Écoutez ce que votre conscience vous dicte et agissez au meilleur de votre connaissance. Alors, vous verrez qu’à la longue, le bonheur, voire le succès viendra à vous, alors que vous n’y penserez pas“.

 

La vie possède un sens naturel, comme celui de la goutte d’eau qui file vers la mer. Le Sens guide nos actions quotidiennes, il ancre nos réalisations et alimente nos prospectives, qui in fine nous offre cet alignement si serein lorsque nous le tenons en nos vies.

Comme le funambule qui avance sur son câble, d’une marche incertaine, en doute pour le pas qui suit, sans remettre en question son but. Il a tout assuré, choisi le bon moment, il sait que tout ce qui a pu être réglé l’a été et pour le reste, il fait confiance à ses capacités d’équilibre, de régulation et d’adaptation, ou plutôt d’adoption…  

Bernard Stiegler proposait [2] :

« On ne s’adapte pas à un milieu, on l’adopte… C’est toute la différence. Or adopter, c’était à ses yeux déjà ne plus subir.

 

L’entrepreneur est en risque permanent, que ce soit personnel ou professionnel. Notamment en ces périodes, nous vivons dans un chaos ambiant, où se mêlent frustrations, incertitudes, ambiguïtés,  paradoxes et autres peurs et culpabilités. Si nous n’adoptons pas un Sens supérieur, nous prenons le risque de voir surgir des montagnes qui nous sembleront insurmontables, des “contre sens“ incompréhensibles.

 

On ne peut pas arrêter  les vagues ! Juste apprendre à surfer avec…  

 

Être en conscience du Sens que nous portons est un bon moyen pour anticiper, s’adapter et adopter la posture adéquate.

 

Que nous soyons dirigeant, manager, responsable, collaborateur, salarié, il est difficile de s’épancher de tout ce magma qui nous préoccupe, qui nous pèse quelquefois. Et pourtant, partager avec notre environnement sur le Sens et les finalités que nous portons est un bon moyen pour se soulager ainsi que toutes les personnes impliquées autour de nous.

Ces échanges nous ouvrent sur une vision commune enrichie et utile pour développer de nouvelles synergies. Ils explicitent et facilitent la compréhension des faits, actes, décisions et libèrent une énergie qui est, pour le coup, dispensée au bon endroit.

– Pensez à l’associer à la subsidiarité.

 

Et pour continuer avec la pensée de B. Stiegler :

Adopter c’est désirer ce qu’on entreprend, dans un lieu choisi, avec des autres ayant peu ou prou les mêmes desseins. Afin de continuer à rendre le monde désirable.

 

– Qu’avons-nous envie d’adopter pour rendre notre entreprise désirable ? 

Et si nous commencions par adopter notre opportune résilience ? 





[1] Victor Frankl – Psychiatre, docteur en médecine est en philosophie a conçu la logothérapie.

[2]  Extrait d’un article de Philippe Petit. Publié le 07/08/2020 dans Marianne

 

jeudi 20 août 2020

Une question de principe

 Je retiens cette définition du Larousse à propos des principes :

«Éléments constitutifs de quelque chose».

Ils seraient donc des éléments constitutifs de notre quotidien, prompt à améliorer nos efficiences, performances et autres efficacités.

Les principes, comme le propose Nick Chater (déjà cité), sont aussi des précédents que nous aurions ancrés en nous. Ils nous confèrent sécurité et peut-être sérénité. Le sentiment de reconnaître une situation, de pouvoir l’identifier ; la comprendre nous rassure, au-delà du raisonnable quelquefois.   

Ils agissent aussi comme des garde-fous, un peu comme un référentiel qui régit nos actions et activités. Ils peuvent être réducteurs, bloquants et je m’en écarte autant que je le peux. Ils peuvent être structurants, rassurants et adaptés aux nombreuses situations que nous rencontrons dans notre quotidien entrepreneurial, et j’en prends soin. 

 

Et vous, quels sont les principes qui vous animent ?

 

En ce qui me concerne, la co-construction que je décline comme un leitmotiv, au fil de ce blog comme dans ma vie, m’incite à commencer avec le principe de subsidiarité.

 Il porte l’ambition de positionner le pouvoir de décision au plus près du pouvoir de l’action à mener.  

Le plus souvent, c’est tout simplement là qu’est la compétence opérationnelle qui, si elle s’additionne à la capacité de vision du manager, assure à coup sûr un développement soutenable.

Nous le retrouvons dans un bon nombre de modèles de management reconnus, qu’ils soient contemporains ou plus anciens comme celui, notamment, de la sociocratie.   

Mettre en œuvre ce principe est une manière de partager le pouvoir, et non pas seulement de le déléguer. La différence est notable, le résultat aussi. 

En effet, la délégation est une décision prise par un tiers, souvent à un niveau supérieur, qui détermine la personne ou le groupe le plus pertinent pour la mise en œuvre de l’objet en question. Dans les faits, c’est une délégation ponctuelle et contextuelle d’un pouvoir qui peut être repris à tout moment.

 

- Et vous, comment déléguez-vous votre rôle de manager ?

 

Si nous associons délégation et subsidiarité, nous transmettons, dans le périmètre du rôle de la ou des personnes impliquées, un pouvoir de décider qui libère une réelle et puissante force d’agir…     

La mise en œuvre de ce principe respecte naturellement et sans effort, les équilibres et enjeux de toutes les parties prenantes, y compris celle de l’organisation.

C’est plus efficace, souvent plus rapide, et générateur d’autonomie.

 

Comment le déployer ? 

-        Cibler la plus petite entité impliquée par la résolution de la difficulté ou par l’action à mener…

-        Partager les enjeux et toutes informations utiles que vous avez à votre niveau de perception.

-    Confier la responsabilité de la prise décision et de sa mise en œuvre aux personnes impliquées.

 

En cette période ou l’équilibre télétravail et présentiel est à l’ordre du jour, que penseriez-vous de le tenter ?



mercredi 12 août 2020

Raison de Vivre

Dans l’article « Le Saut de la foi », j’ai évoqué les choix qui s’offrent à nous avec notamment celui de vivre en mode passion.

Oscar Wilde nous propose cette réflexion : vivre est la chose la plus rare. La plupart des gens se contentent d’exister…

Exister, du latin existere : sortir de, se manifester, être debout…

Être au monde sous une forme neutre et matérielle. Exister, qu’est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire être dehorssistere ex. Ce qui est l’extérieur existe. Ce qui est à l’intérieur n’existe pas. […] C’est comme une force centrifuge qui pousserait vers le dehors tout ce qui remue en moi, images, rêveries, projets, fantasmes, désirs, obsessions. Ce qui n’ex-siste pas in-siste. Insiste pour exister[1]. (Wikipédia)

 

Dans notre parcours de résilience, pour avancer pas à pas vers un futur enviable, il est indispensable d’explorer l’extérieur ainsi que l’intérieur qui insiste, lui aussi, pour vivre.

Dans l’un de ses longs articles à propos de la raison de « vivre ou de mourir de nos entreprises », Maxime Barluet de Beauchesne[2], pose cette question : Est-ce que nous avons (encore) une raison d’exister ?  

Je m’autorise à la reprendre avec le dessein de fouiller en profondeur les vraies raisons d’exister de nos organisations.

Nos produits, prestations ou services sont-ils toujours utiles dans leurs formes actuelles ?

Travaillée en collectif et en confiance, cette interrogation a la capacité de nous pousser dans nos retranchements, poussiéreux comme de vieux greniers. Elle porte aussi le potentiel de nous ouvrir sur des opportunités insoupçonnées.  

Est-ce suffisant ?  Non ! bien sûr.  

Orienter sur ce qui est visible, sur ce qui se voit et ce qui est factuel est à la fois indispensable et révélateur autant qu’incomplet.   

En effet, explorer la face visible de notre planète entrepreneuriale sans aller voir du côté de l’invisible, de l’implicite c’est prendre le risque de chercher uniquement des raisons pour continuer à exister (et survivre) plutôt que pour vivre.

Aussi, je propose de continuer notre exploration  avec cette nouvelle interrogation, certes un peu décapante mais potentiellement puissante : 

- Quelles sont nos raisons de continuer à vivre ?

Ainsi, après l’important, nous explorons l’essentiel. Nos valeurs sont en question et nos croyances peuvent être revisitées.  

Il y a là un gisement de ressources et d’opportunités dont il serait dommage de priver nos organisations. 

Et pour accompagner nos réflexions, je propose les 4 alignements de Richard Barret[3] qu’il inclut dans son processus de changement des systèmes.

Le premier est l’alignement personnel.

C’est-à-dire les valeurs et croyances des individus d’une part et ce qu’ils disent, leurs actions et leurs comportements d’autre part.  

Le second est l’alignement structurel.

Il est nécessaire d’avoir un alignement entre les valeurs définies par l’entreprise et les comportements qu’elle met en œuvre dans ses structures, ses politiques, ses procédures et ses systèmes de récompenses.

Alignement des valeurs.

Le respect des valeurs personnelles des salariés et celle des encadrants. Ce respect à double sens ouvre des perspectives de responsabilité et de solidarité et facilite les prises de décisions.

Alignement de la mission. 

Toutes les parties prenantes ont besoin de sentir que l’organisation va dans la bonne direction. Il doit y avoir un alignement entre la finalité ressentie, le rôle et les fonctions que l’on nous demande de réaliser. 

Ces alignements se construisent au fil des jours, des mois et des années. Au fil des observations par les tiers concernés et impliqués, de la congruence entre l’explicite et l’implicite, entre le visible et l’invisible.

C’est cet équilibre que nous cherchons à maintenir sans cesse. Il est le garant d’une alliance essentielle pour réussir nos challenges.  

 

- De quelle entreprise en vie avons-nous vraiment envie ?



[1] Michel Tournier : Ecrivain et philosophe francais. 1924-2016.

[2] Bloggeur Humaniste (Linkelind)

[3] Richard Barrett. Auteur et conférencier américain. “L’entreprise inspirée par les Valeurs“. Président de Barrett Values Center. 

mercredi 5 août 2020

Un escabo...

Pour ce 20ème article et après plus de 80 jours de dé-confinement, j’ai décidé de vous partager un outil que certains de mes clients connaissent déjà pour l’avoir utilisé comme aide à la clarification de leurs projets. 

Certes, il n’est ni universel ni suffisant, mais s’il peut vous aider à structurer vos réflexions, c’est là toute son ambition. Je vous invite, pour cette exploration, à prendre le temps d’écrire vos développements sur votre cahier préféré, ou de le dessiner sur un tableau blanc, ou encore de l’inscrire dans une carte heuristique/mentale. 

N’hésitez pas à faire, à refaire et à recommencer encore… Nous avançons en pleine complexité; nous sommes des funambules de la vie et en vie. 

Voici donc, l’ESCABO, un acronyme qui désigne 5 niveaux logiques de clarification d'un projet.  

Ce travail fait, je vous conseille, une fois n’est pas coutume, de continuer l'exploration avec l’outil SWOT, de vos forces et faiblesses, opportunités et menaces.



Et maintenant, 


- Ou en suis-je de mon projet ?

- Ai-je pris le temps de le partager avec les personnes impliquées et concernées ?

- Et pourquoi pas le co-construire ?