jeudi 2 juillet 2020

Illusions d'esprit

Nous sommes instrumentalisés par notre cerveau.

Nous connaissons tous ces effets ou illusions d’optique qui nous rappellent que nous pouvons nous faire leurrer en totale inconscience. Hubert Reeves, que l’on ne présente plus, souligne : « L’univers prend la forme de mon regard ». Tous nos sens sont le jouet d’une rationalité supposée qui transforment sans vergogne, voire, refuse la réalité qui s’impose à nous.

En fait, à force de chercher à être cohérent, notre cerveau en devient bête comme le dit Nick Chater[1]. Pour chaque situation, il s’empresse de rechercher des interprétations déjà connues et il nous les propose en fonction du contexte en présence ou des objectifs souhaités. De fait, nous ne sommes jamais totalement vierges d’idées et de croyances, et nos filtres créent des biais cognitifs difficiles à détecter.

La capacité de notre cerveau à improviser et sa rapidité peuvent nous laisser supposer que nous avons une quelconque lucidité sur ce qu’il nous délivre. Il nous est impératif de douter de ce que nous voyons, de ce que nous entendons, comprenons et même ressentons.

Un autre chercheur en neurosciences, Fransisco Varela[2], a mis en évidence, au cours de ses recherches, que les perceptions construites par notre cerveau sont le résultat d’un assemblage de signaux captés à l’extérieur par nos sens pour seulement 20 % et de signaux internes pour 80 %.  

Soyons heureux d’avoir des illusions d’esprit, elles sont les marques de notre personnalité.

Mais, avons-nous conscience qu’elles nous abusent et limitent nos capacités d’actions, de relations, voire de résilience?

 

Et peut-être une invitation à un peu plus d’humilité. 

 


[1] Nick Chater – Professeur en sciences du comportement à l’université de Warwick, auteur de : “The Mind is Flat“ Lauréat 2019 du prix PROSE

[2] Fransisco Varela – Neurobiologiste Chilien. 1946-2001.